Le Canada a proposé une législation qui obligerait les entreprises technologiques comme Google à payer les éditeurs pour l’utilisation de leur contenu. Le projet de loi, connu sous le nom de C-18, permettrait aux Google et Metas du monde de couvrir environ 30 % des coûts éditoriaux globaux des éditeurs, ce que le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, appelle une juste compensation à une industrie actuellement en crise ainsi qu’un moyen de combattre la désinformation si répandue en ligne.
Google, bien sûr, n’est pas d’accord et dit que la législation proposée équivaut à une taxe sur les liens et crée une norme inférieure pour le journalisme qui profiterait en fait aux spammeurs et aux « colporteurs de désinformation ».
Alors, quel côté a raison ? Est-ce même important? Plus important encore, que se passe-t-il exactement ?
Ce qui se passe
Le projet de loi n’a pas encore force de loi, mais il est en train d’être transmis au gouvernement canadien et pourrait très bien être mis en œuvre tel quel. Très probablement, Google et le Canada trouveront un compromis, tout comme Meta (alors connu sous le nom de Facebook) l’a fait avec le gouvernement australien sur le même problème. La seule chose que tout le monde sait, c’est que Google ajoute souvent du contexte à ses résultats de recherche sous la forme d’un extrait de tout ce qui est lié. Les éditeurs pensent que cela est injuste et leur coûte de l’argent.
J’ai lu plusieurs points de vue différents sur la réponse de Google, à la fois sur ce qu’elle est réellement et sur le raisonnement qui la sous-tend. J’ai contacté Google pour savoir exactement ce que faisait l’entreprise.
La réponse officielle selon un porte-parole de Google est :
« Nous testons brièvement les réponses potentielles des produits au projet de loi C-18 qui ont un impact sur un très petit pourcentage d’utilisateurs canadiens. Nous effectuons des milliers de tests chaque année pour évaluer toute modification potentielle de la recherche.
Nous avons été totalement transparents quant à notre préoccupation selon laquelle C-18 est trop large et, s’il reste inchangé, pourrait avoir une incidence sur les produits que les Canadiens utilisent et sur lesquels ils comptent au quotidien. Nous restons déterminés à soutenir un avenir durable pour les nouvelles au Canada et à offrir des solutions qui corrigent le projet de loi C-18.
Selon Google, les tests actuels touchent moins de 4 % des Canadiens qui utilisent ses produits et ce ne sont que cela : des tests. Tous les tests n’entraînent pas de modifications du produit et une fois la période de test terminée, qui, selon Google, durera environ cinq semaines, il comprendra mieux les implications d’une modification finale du produit.
Google a également déclaré qu’il espérait pouvoir travailler avec le gouvernement canadien pour à la fois soutenir les nouvelles au Canada et offrir une expérience sans compromis aux utilisateurs.
Qui a raison?
C’est la partie la plus difficile, car Google et le gouvernement du Canada font ce qu’il faut. Un problème plus important peut être que faire ce qu’il faut n’est pas toujours le meilleur pour les consommateurs et cela semble être l’un de ces moments.
Le Parlement du Canada a la responsabilité de répondre aux besoins de ses citoyens et des entreprises qui les emploient tous. Les médias du monde entier sont en crise et les gouvernements du monde doivent trouver des moyens d’aider s’ils veulent que l’industrie de l’information survive.
Aucune des options ici n’est bonne. Les éditeurs essaient plusieurs options impopulaires pour gagner de l’argent, y compris la publicité et le contenu payant des abonnés, et les consommateurs les détestent tous. Il est facile de voir une entreprise comme Google, qui a réalisé des revenus de recherche de plus de 40 milliards de dollars au quatrième trimestre 2022, et de penser à des moyens de les forcer à payer une partie de la facture. Après tout, une recherche ne peut exister sans contenu à rechercher, n’est-ce pas ?
Google affiche également la bonne réponse et bloque le contenu qu’il ne veut pas être obligé de payer pour l’utiliser. Google est une mégacorporation, mais elle a toujours le droit de mener ses activités comme elle l’entend tant qu’elle respecte toutes les lois applicables. Le Bureau du budget parlementaire du Canada a déclaré que C-18 coûterait des millions de dollars à Google par an et les actionnaires de Google ne veulent pas dépenser des millions s’ils n’ont pas à le faire.
Google peut librement apporter ces modifications s’il le souhaite et les consommateurs peuvent utiliser des plates-formes de recherche alternatives s’ils veulent un contenu d’actualités sans restriction.
Le problème est que la situation nuit aux consommateurs. Je ne suis pas canadien, mais si je l’étais, je sais que je ne voudrais pas que les sites d’actualités soient bloqués dans les résultats de recherche sur mon téléphone et que je ne veuille pas non plus être obligé d’utiliser Bing. Je crois également à l’utilisation équitable et je pense qu’un petit extrait de texte ou une photo n’est que cela. Cela aide également à générer du trafic vers les sites Web d’actualités, donc le fait que Google arrête de le faire nuit aux entreprises pour lesquelles le projet de loi C-18 a été conçu.
Ce qu’il faut, c’est un compromis qui aide tout le monde. Si les deux parties donnent un peu et parviennent à un accord, tout comme Facebook et l’Australie l’ont fait, les consommateurs ne sont pas affectés. C’est ce qui est vraiment important parce que les consommateurs sont ce qui maintient Google et les médias canadiens en affaires.